Ils ont la parole
Témoignages
Psychomotricienne
Le chien ne juge pas la personne, il l’accueille telle qu’elle est, cela peut permettre de passer des messages de façon indirecte, ou encore aider le résident à se confier plus facilement.
Solveig Priez est psychomotricienne. Avec son chien Chewbacca, elle intervient au Foyer Idalion et nous explique son travail.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis psychomotricienne et je pratique la cynothérapie, la thérapie avec le chien. Chewbacca est mon collègue canin, un chien médiateur. C’est un chien finnois de Laponie qui est polyvalent dans ses compétences et peut m’accompagner auprès de différents types de publics.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la cynothérapie ?
C’est l’utilisation du chien en tant que médiateur thérapeutique. Cela permet des bienfaits sur le plan psychosocial (lutter contre l’isolement, faciliter l’affirmation de soi), favorise les communications verbales et non-verbales, stimule les fonctions cognitives et motrices.
Un chien médiateur est un chien éduqué, sociable et patient qui sait s’adapter à différentes situations. S’il y a un trouble du comportement d’un humain, le chien ne va pas sur-réagir. Cela nécessite un apprentissage. Il est un accompagnant pour motiver le résident à accomplir ce que je souhaite travailler sur le soin psychomoteur. De plus, le chien ne juge pas la personne, il l’accueille telle qu’elle est, cela peut permettre de passer des messages de façon indirecte, ou encore aider le résident à se confier plus facilement.
Si l’animal n’était pas là, plusieurs résidents ne participeraient pas à certaines activités, parce qu’ils n’y voient pas forcément l’intérêt. Ce sont d’ailleurs les résidents qui sont peu actifs ou réguliers dans leurs présences auprès des autres groupes dans l’institution que je reçois en groupe.
Avec Chewbacca, c’est tout de suite plus ludique, l’ambiance est différente. Néanmoins, avant toute chose, je suis psychomotricienne. Si le chien est malade, fatigué, ça ne m’empêche pas de travailler. Aussi s’il refuse de participer, ça veut dire que la personne a aussi le droit de refuser. De manière transversale, ça permet d’apprendre aux résidents les comportements que l’on peut ou que l’on ne doit pas avoir par respect des uns et des autres.
Pouvez-vous nous raconter le travail que vous faites avec les résidents ?
Tous les soins ne se font pas avec une présence active du chien. Ainsi, lorsque j’effectue des séances de relaxation, l’animal est présent de manière informelle en étant simplement dans la salle. Le résident peut discuter de lui, créer une discussion neutre et nous faisons notre séance.
En gymnastique douce, le chien est plus actif. Il aide les résidents à se mobiliser, à faire des exercices d’équilibre, à travailler leur gestion du corps, leur coordination générale, etc.
Il y a également les promenades du chien en extérieur. On y travaille les habilités sociales en extérieur : repérer comment on fait pour traverser dans la rue, l’orientation spatiale etc. Cela permet au résident, qui tient toujours la laisse du chien, d’être beaucoup plus acteur, de ressentir quand le chien tire, s’arrête…
Il y aussi tous les temps informels avec ces rencontres non programmées avec les résidents qui sont propices à différentes verbalisations, actions. Je pense à un résident qui s’isolait dans sa chambre pendant la crise sanitaire. Il acceptait par contre de sortir pour aller voir le chien. Il n’avait pas de difficultés pour être en contact avec lui, pour manipuler la brosse et les poils, alors que le toucher pour lui était devenu compliqué. Il a accepté de sortir avec le chien régulièrement. Et maintenant il va beaucoup mieux. Ce n’est pas la seule action qui lui a permis d’aller mieux, mais ça y a probablement contribué, et ça c’est bien !