Ils ont la parole
Témoignages

Je m’appelle Myriam DEUBRAS, j’ai bientôt 34 ans, je suis née à Paris en 1984 et je suis fille unique. Je possède une maîtrise de lettres classiques obtenue à la Sorbonne et je suis également titulaire d’une licence professionnelle de  documentation et métier de l’entreprise obtenue en 2017 à l’Institut Régional des Techniques Documentaires. Je suis passionnée par la lecture, les voyages et je suis ouverte  aux cultures du monde. Le voyage qui m’a le plus marqué est  celui de la  Turquie en 2009 qui est un pays très riche en culture mélangeant la culture antique grecque et  moderne. Le livre qui m’a marqué est «  Petit Pays » de Gaël Faye qui parle d’un épisode de son enfance au Rwanda, ce qui est intéressant c’est sa manière de le raconter malgré le contexte. Je parle correctement créole ma langue de naissance, j’ai un bon niveau en anglais et en allemand.

 

Parlez-nous de votre parcours

Avant d’intégrer le SAVS La Planchette, j’ai eu un assez long parcours que je vais vous expliquer. Afin de poursuivre ma scolarité, j’ai fais appel à trois choses essentielles, à savoir : mes capacités non altérées, ma motivation et mon envie de réussir. Cela n’a pas toujours été facile, car j’ai dû faire face à beaucoup de réticences, mais j’ai aussi rencontré tout au long de mon parcours des personnes bienveillantes. Ma stratégie aura été de contourner ou de compenser mes manques grâce à mes capacités intellectuelles, notamment le développement de ma mémoire.  Dès que les praticiens ont mis un nom sur mon handicap, j’ai pu à travers mes recherches et mon parcours de documentaliste me renseigner sur ma pathologie. Ce qui m’a amené à connaitre le programme de la remédiation cognitive à laquelle  j’ai pris part. Ce programme de remédiation cognitive consiste en un ensemble de procédés qui ont pour but d’aider la personne à réorganiser la pensée pour qu’ensuite l’action soit facilitée. Le praticien vous fait d’abord un test psychotechnique puis il propose des exercices en fonction des points forts et points faibles observés. Il met ensuite en  place des « recettes » que l’on  appelle des scripts d’actions, qui permettent au final de réorganiser le cheminement de la pensée vers l’action. Par la même occasion, ce programme aide à gérer les difficultés d’organisation dues au ralentissement (gestion du temps).

Au niveau de ma vie sociale, j’ai intégré un premier Service d’Accompagnement à la vie Sociale, Léopold Bellan, qui m’a accompagné dans ma réinsertion professionnelle vers un  ESAT « hors les murs ». Ce type d’établissement assez particulier permet d’intégrer directement le milieu ordinaire par le biais de stages et de mises à disposition. Parallèlement, j’ai pu mettre en place un projet logement qui m’a conduit dans un foyer de jeunes travailleurs. Un SAVS était rattaché à ce foyer, il proposait des activités à l’ensemble des résidents du foyer, ce qui permettait d’être confronté davantage au monde ordinaire. Après ce foyer pour jeunes travailleurs, je suis allée vivre en résidence sociale en attendant l’attribution de mon logement social définitif.

À la fin de mon année en ESAT, j’ai pu intégrer une formation en apprentissage en tant que bibliothécaire documentaliste, qui consiste en une alternance entre formation et entreprise. Mon employeur durant cet apprentissage était l’école d’infirmières des Diaconesse de Reuilly, je travaillais dans le centre de documentation  de cette structure de formation aux métiers de la santé en tant qu’aide documentaliste apprentie.

Au niveau de mes études, je ne me suis pas arrêtée là, j’ai poursuivi en licence « Documentation et métier du livre ». Mon terrain de stage était le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance). Actuellement, je suis à mon troisième contrat de travail à la bibliothèque de l’université des sciences d’Orsay, à côté, je donne des cours de soutien.

Enfin, dans le souci de maintenir le lien social et d’un soutien, je suis accompagnée par le SAVS la Planchette.

 

Que faites-vous de votre temps libre ?

J’ai un petit groupe d’amis que je fréquente, ainsi qu’un club de jeunes qui est dans Paris et je vois beaucoup ma famille. J’envisage de faire des activités extra professionnelles telles que le théâtre. J’aime écrire des réflexions sur des œuvres littéraires, en ce moment je travaille sur L’Iliade d’Homère, que je compte proposer ou publier.

 

Que vous apporte le SAVS ?

Je trouve que c’est une sorte de filet de sécurité, s’il y a des moments où je me  trouve plus fragile que d’autres, il y a toujours le service qui vient en soutien. Si je ne suis pas bien, je peux appeler le SAVS. Il nous permet de nous sentir loin de notre handicap. Depuis, grâce aux ateliers cuisine, je suis en capacité de préparer une belle table pour recevoir ma famille, sans trop faire de la grande cuisine. Je vis de manière assez autonome, je fais des points avec le SAVS notamment avec les difficultés que je peux rencontrer et ils m’orientent vers des partenaires ou autre.

 

Quelles sont vos difficultés ?

Lorsque mon emploi du temps est chargé, l’organisation peut devenir une difficulté pour moi.

 

Comment voyez-vous votre avenir ?

J’espère continuer à progresser dans mon domaine, arriver à mieux m’adapter dans la vie sociale, et pourquoi pas fonder une vie de famille !

 

À ma mère

Je tiens à la remercier pour tout ce qu’elle m’a apporté, mon cadeau pour elle c’est cette réussite et j’estime qu’elle le mérite !  Elle m’a toujours soutenue et a su croire en moi malgré mes difficultés du quotidien, d’autant plus qu’elle a été seule à m’assumer, elle a réussi à franchir les obstacles en faisant preuve de courage. Peut-être tiendrais-je ce courage de ma mère ?…