Ils ont la parole
Témoignages

Nous avons eu la chance de pouvoir recueillir les propos émouvants de la maman de Pierre, 45 ans, adhérent du GEM La Tortue qui Trotte, à Rambouillet. Femme engagée et mère courage, elle espère, par ce témoignage, donner un meilleur éclairage sur la maladie psychique.

 

Pourriez-vous nous raconter votre parcours et celui de Pierre ?

Quand Pierre était petit, tout allait très bien. Il est l’ainé de mes 2 fils, et lui et son frère, Nicolas, étaient deux enfants très intelligents et brillants scolairement, toujours premiers de la classe. J’avais arrêté de travailler pour m’occuper d’eux et je peux dire que nous avons vécu des jours heureux. Après une scolarité sans souci, Pierre, passionné d’histoire/géographie, a très facilement passé sa maîtrise à la Sorbonne.

 

Quand les premiers signes de la maladie ont-ils été visibles ?

A 24 ans, il est parti faire son service militaire et là ses premiers signes de fragilité sont apparus. Pierre était un peu malmené par ses supérieurs et je le trouvais un peu déprimé lors de ses retours en permission.

A sa sortie, il a trouvé un poste de professeur d’histoire/géographie dans une école située en ZEP avec des classes très difficiles. Lors d’une altercation avec un élève qui l’avait provoqué, il a été frappé et griffé par plusieurs élèves. Il a porté plainte et la proviseur le lui a reproché. Cet épisode a beaucoup affecté Pierre et a mis le feu au poudre. Après quelques mois d’un petit boulot, il s’est retrouvé au chômage.

Alors qu’avant tout allait bien en apparence, les signes de son malaise ont été de plus en plus flagrants. Un jour, alors qu’il avait appelé son frère à son secours, celui-ci, très inquiet, l’a amené à l’hôpital. Le verdict est tombé, il fallait interner Pierre. Après un séjour de presque 2 mois à l’hôpital Charcot, et un court passage à la maison, il a été pris en charge dans un Centre Medico Psychologique à Rambouillet où il était accueilli en journée. Il y est resté 4 ans.

 

Est-ce qu’il se sentait mieux ?

Pas tout de suite… Lui qui n’avait jamais bu, qui ne s’était jamais drogué, est tombé dans une toute autre forme d’addiction… l’addiction à l’eau. Il pouvait boire 6 à 7 litres par jour. Cette maladie s’appelle la potomanie, le danger est que cela retire tout le sodium présent dans le corps. Pierre a passé 3 jours dans le coma et un séjour à l’hôpital. Il en est sorti guéri. De plus, là bas, ils ont trouvé le traitement adéquat pour le stabiliser.

 

Comment Pierre a-t-il connu le GEM ?

C’est moi qui en ai entendu parler, en 2011, grâce à des affiches dans Rambouillet qui annonçait l’ouverture d’un pré-GEM. Une réunion à la mairie m’a permis d’en savoir plus. Je lui en ai parlé, et il a accepté d’essayer et cela lui a beaucoup plu ! Après le pré-GEM, le GEM La Tortue qui trotte s’est installé dans de nouveaux locaux, il y va très régulièrement.

 

Que lui apporte le GEM ?

Le GEM l’a beaucoup aidé à accepter sa maladie, il voit qu’il n’est pas seul. Avec les autres adhérents, ils peuvent se parler, ils se comprennent. Il a lié des amitiés très fortes. Sa journée préférée est le mercredi, c’est la journée où ils cuisinent au GEM pour ensuite dîner tous ensemble.

 

Quels seraient vos messages aux lecteurs d’Amitiés ?

Je n’ai jamais eu honte de dire que mon fils avait une maladie psychique. Je n’ai jamais eu honte de Pierre, bien au contraire, je l’aime peut-être encore plus ! Mon message principal serait : aimez vos enfants tels qu’ils sont !

Merci à Pierre d’avoir accepté que sa maman témoigne.