Ils ont la parole
Témoignages
Chef de service éducatif
J’ai choisi le travail social parce que j’avais à cœur d’accompagner l’autre, de créer des relations, d’être utile.
À 33 ans, Estelle Quentin incarne une nouvelle génération de responsables dans le secteur médico-social. Cheffe de service éducatif au foyer « La Planchette » à Paris, elle a su conjuguer son sens de l’organisation, son humanité et son expérience du terrain pour accompagner résidents et équipes au quotidien. Avec engagement, elle revient sur un métier exigeant mais profondément enrichissant, où chaque geste compte et où la bienveillance est un levier essentiel.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Estelle Quentin, j’ai 33 ans, et je suis chef de service éducatif au sein du foyer d’accueil médicalisé et foyer de vie « La Planchette », situé à Paris dans le 12e arrondissement. J’occupe ce poste depuis 2021 après avoir fait mon expérience sur le terrain en tant que travailleuse sociale.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de choisir ce métier ? Était-ce une vocation ou une évolution ?
Pour moi, travailler dans le médico-social et devenir chef de service, c’est une évolution logique. Aujourd’hui, il existe des formations pour devenir chef de service sans avoir connu le terrain, mais je trouve cela un peu dommage. Dans nos métiers, où l’on accompagne de l’humain, il est primordial d’avoir vécu et compris les réalités du terrain avant de prétendre à des responsabilités. Je viens d’une formation de conseillère en économie sociale et familiale (CESF). J’ai choisi le travail social parce que j’avais à cœur d’accompagner l’autre, de créer des relations, d’être utile. Sur le terrain, j’ai pris conscience que pour améliorer la qualité de l’accompagnement, il fallait aussi un management structuré et humain. De ce constat est née l’envie de prendre des responsabilités pour soutenir les équipes et structurer leur travail dans le respect des besoins des résidents.
Si vous deviez résumer votre métier en une phrase ou quelques mots, que diriez-vous ?
Je suis facilitatrice : je veille à la qualité de l’accompagnement des résidents en soutenant et encadrant les équipes socio-éducatives.
Décrivez-nous votre métier. Quel type de public accompagnez-vous ?
J’accompagne des personnes en situation de handicap psychique comme des troubles bipolaires ou des schizophrénies, et des personnes avec des déficiences intellectuelles. Mon travail repose sur la mise en œuvre des projets personnalisés des résidents et la coordination des équipes pluridisciplinaires pour répondre aux besoins individuels.
À quoi ressemble une journée type dans votre métier ?
Le rôle de chef de service est polyvalent et rythmé par les besoins des équipes et des résidents. Je commence généralement par une réunion de transmission où nous faisons le point sur les situations des résidents et les priorités du jour. Ensuite, j’anime des réunions pluridisciplinaires qui réunissent les équipes éducatives, médicales et paramédicales pour assurer un suivi adapté et personnalisé des projets des résidents.
Mais ce qui est important pour moi, c’est de rester accessible. Mon bureau est toujours ouvert. Je tiens à ce que les salariés puissent venir me voir pour partager une difficulté ou un besoin, tout comme les résidents qui frappent parfois à ma porte pour échanger quelques mots. Cela me permet de rester connectée au terrain tout en assurant mes missions. Les imprévus font partie du quotidien : un résident en difficulté, un ajustement dans l’équipe, un besoin urgent… Ce sont ces moments qui me rappellent à quel point la réactivité et l’adaptabilité sont essentielles.
Concrètement, comment s'organise votre semaine en termes de charge de travail ?
En tant que cadre au forfait, je travaille généralement de 9h à 18h, mais mes horaires s’adaptent aux besoins du foyer. Une semaine sur trois, je suis d’astreinte 24h/24 pour répondre aux urgences.
Quels sont les moments les plus enrichissants dans votre travail ?
Ce qui me touche le plus, c’est de voir un résident évoluer, gagner en confiance, oser demander de l’aide alors qu’il refusait auparavant. Je suis également très fière d’accompagner mon équipe. Les voir monter en compétence, gérer une situation complexe ou proposer des projets innovants est une véritable satisfaction. Ce sont ces petites victoires, ces évolutions individuelles et collectives, qui donnent du sens à mon travail.
Pouvez-vous partager une anecdote ou un moment marquant qui illustre ce que ce métier vous apporte ?
Lors de l’élaboration d’un projet personnalisé, un résident qui avait toujours refusé l’aide des psychologues s’est ouvert à nous pour la première fois. Il a exprimé sa fragilité et demandé du soutien. C’était un moment fort, car cela témoignait d’une confiance construite au fil du temps, autant envers l’équipe qu’envers moi. Ces instants rappellent combien notre travail est essentiel.
Quelles qualités sont essentielles pour réussir dans ce métier ?
L’amour de l’autre est, pour moi, fondamental. C’est un métier où il faut de la patience, de l’écoute et une grande capacité d’adaptation. Il est essentiel de rester bienveillant, tout en fixant un cadre clair et sécurisant, aussi bien pour les équipes que pour les résidents.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer, même face aux difficultés ?
Le bien-être des résidents et la stabilité de l’équipe sont mes moteurs. Je suis convaincue que pour qu’un résident se sente bien, l’équipe qui l’accompagne doit elle-même être sereine et structurée. Savoir que je contribue à instaurer ce climat est une grande source de motivation.
Avec qui travaillez-vous et comment s’organisent vos échanges ?
Je travaille avec une équipe pluridisciplinaire composée entre autres, de coordinateurs, d’aides-soignants, d’accompagnement éducatif et sociale, d’éducateur, d’une directrice et directrice adjointe, d’une cheffe de service soin, des assistantes et ouvriers logistiques. Nous avons des réunions régulières, qui permettent de faire le point sur les situations des résidents et d’organiser le travail de chacun. Ces échanges sont essentiels pour que tout soit cohérent et fluide. Nous avons également des comités de direction (CoDir) mensuels, où nous abordons des sujets plus transversaux pour anticiper les besoins et travailler collectivement sur les projets du pôle.
Que pouvez-vous nous dire sur les formations que vous suivez dans le cadre de votre travail ?
Depuis mon arrivée, j’ai suivi des formations sur le handicap psychique et les premiers secours en santé mentale. Ces formations sont essentielles dans mon métier, car elles me permettent de mieux comprendre et accompagner les résidents au quotidien, en particulier face à des situations de crise ou de vulnérabilité. En parallèle, je participe régulièrement à des colloques et séminaires sur des thématiques liées à l’accompagnement des personnes et à la gestion des équipes. Ces moments d’échange et d’apprentissage sont précieux, car ils me donnent des outils concrets pour répondre aux besoins des résidents tout en soutenant les équipes dans leurs pratiques professionnelles. Ces formations continues me permettent également de prendre du recul et d’enrichir ma réflexion sur mon rôle de chef de service, notamment pour toujours améliorer la qualité de l’accompagnement que nous proposons.
Comment ce métier peut-il évoluer avec l’expérience ? Y a-t-il des passerelles vers d’autres fonctions ?
Ce métier offre des perspectives d’évolution, notamment vers des postes de direction comme directrice adjointe ou directrice d’établissement. Grâce à la Fondation des Amis de l’Atelier, il est possible d’évoluer au sein de la structure, d'accéder à des responsabilités supérieures et de construire une véritable carrière dans le secteur médico-social. La Fondation accompagne et soutient les professionnels dans leur développement en leur permettant de se former et de monter en compétences.
Ce cadre encourage chacun à trouver sa place tout en continuant à progresser, que ce soit dans des rôles de coordination, de direction ou à travers des projets transversaux.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fière dans votre parcours ?
Je suis fière d’avoir su stabiliser mon équipe et de travailler dans un environnement où les résidents et les salariés se sentent bien. La reconnaissance de ma direction et les retours positifs des familles sont pour moi des signes que je suis sur la bonne voie. Je suis également fière de démontrer que jeunesse et responsabilités peuvent aller de pair.
Pourquoi recommanderiez-vous ce métier à un jeune en quête de sens ?
C’est un métier riche de sens, où chaque journée est unique. Travailler avec l’autre, contribuer à son bien-être et voir les progrès accomplis, même minimes, est profondément gratifiant. C’est un métier qui transforme autant qu’il nous apprend sur nous-mêmes.
Mot de la fin : si vous deviez résumer ce métier en une phrase inspirante, laquelle choisiriez-vous ?
C’est un beau métier pour ceux qui aiment accompagner l’autre, faire preuve de créativité et contribuer à faire grandir les organisations pour qu’elles se développent et s’améliorent.