Ils ont la parole
Témoignages
Travailleur à l'ESAT de Châtillon
Venez avec ce que vous êtes !
La rédaction a découvert ses talents d’acteur lors d’une représentation en mai dernier au Théâtre de Châtillon. C’est un passionné de théâtre que nous avons eu le plaisir de rencontrer.
Depuis quand faites vous du théâtre ?
La première fois c’était en colonie de vacances. J’avais 10 ans. J’étais déjà très cinéphile et aimais aller voir des pièces de théâtre. J’ai joué une pièce muette pendant cette colonie. Un peu plus tard, vers l’âge de 16 ans, j’ai fait partie d’une troupe à la maison des jeunes de Châtillon. J’ai le souvenir précis d’une pièce que nous avions montée d’après le film « L’enfant sauvage » de Truffaut. J’ai ensuite, en parallèle de mon travail de cuisinier continué à faire du théâtre pour m’y consacrer complètement pendant 5 ans. Je faisais partie de la Compagnie de la Folie Méricourt. C’était mon nouveau métier. Puis la vie a été plus compliquée et j’ai du retravailler comme cuistot.
Qu’est ce qui vous plait dans le théâtre ?
A 18 ans, j’ai également passé le concours du Théâtre National de Strasbourg. J’ai été pré-sélectionné mais n’ai finalement pas été retenu car je n’étais pas assez bon en analyse de dramaturgie. J’aime le milieu du théâtre. J’ai même construit des décors, notamment au Palais des Papes à Avignon. 500 M2 de décor. Je me suis essayé à la régie mais c’est très technique. Sinon j’écris… des poèmes, des nouvelles. Ce que j’aime dans le théâtre c’est jouer, être sur scène. C’est surtout faire plaisir au public et rendre lisibles et compréhensibles des textes compliqués. Comme « La Bateau Ivre » de Rimbaud qui a fait l’ouverture de la représentation cette année au Théâtre de Châtillon.
Comment vous êtes vous senti avant / pendant et après le spectacle du 17 mai dernier ?
J’étais un peu tendu avant le spectacle car je voulais que l’ouverture avec ce texte de Rimbaud fasse plaisir. Alors j’ai fait des exercices de respiration, je me suis centré et concentré. J’ai abordé la représentation serein. Incarner ce texte c’était pour moi un défi depuis plusieurs années. Un projet important pour moi. J’ai beaucoup travaillé en écoutant différentes lectures par des professionnels comme Louis Jouvet. C’est un texte dont il faut « mâcher » les mots. Chaque mot est important, précis et la musicalité est importante. Nous avons également beaucoup travaillé la scénographie pour, au final, convenir que la sobriété d’une scène vide serait bien plus éloquente. Après le spectacle, j’étais heureux. Et tout cela c’est grâce à Benjamin Guillot, notre metteur en scène. Il nous briefe, on débriefe. Il est très à l’écoute de nous, de la troupe. Il est sincère. Tout cela c’est grâce à lui.
Depuis quand faites vous partie de la troupe de théâtre de l’ESAT ?
Je travaille à l’ESAT de Châtillon depuis 14 ans. Avant, je ne connaissais pas les Amis de l’Atelier, c’est le Centre Médico Psychologique de Châtillon qui m’a parlé de l’ESAT. La troupe s’est mise en place depuis 11 ans et j’en fais partie depuis les débuts. Je participe donc depuis 2005 tous les vendredis après-midi pendant 2 heures et demie à ces cours de théâtre. On s’échauffe, on respire, on improvise et on travaille des textes. Nous avons la chance de faire ces cours au conservatoire de Châtillon. Chacun est à son rythme.
Qu’avez-vous appris sur vous et sur les autres en faisant du théâtre ?
Je me fais plus confiance. Je suis heureux de partager ma passion avec d’autres personnes et de transmettre cette envie. C’est une belle revanche.
Auriez-vous un message à faire passer à des personnes tentées de se lancer dans ce loisir ?
Je leur dirais : « Venez avec ce que vous êtes ! »
Auriez-vous un message à faire passer plus généralement aux lecteurs d’Amitiés ?
Vous êtes tous invités à la prochaine représentation (ndlr juin 2017)
« Peut-on parler de race
Ou de taxinomie
C’est une question de traces
Ou bien de biologie
Le créateur s’avance
La religion aussi
Serait-ce une différence
Ou une question d’ethnie »
Extrait du poème « Les différences » du recueil « Spectateurs à cœur ouvert »
Poèmes d’Éric Pedoux