Ils ont la parole
Témoignages

Chloé El Mayas, 29 ans, a emprunté un chemin inattendu en passant du luxe au monde du handicap. Après une première expérience dans la maroquinerie haut de gamme, elle devient monitrice d’atelier à l’ESAT de Chennevières-sur-Marne, sous l’égide de la Fondation des Amis de l’Atelier. Ce métier, bien plus qu’une simple opportunité professionnelle, marque un tournant décisif dans sa vie : un alignement personnel et la conviction d’avoir enfin trouvé sa place.

 

Si vous deviez résumer votre métier en une phrase ou quelques mots, que diriez-vous ?

J’encadre la production de maroquinerie tout en accompagnant des personnes en situation de handicap dans leur travail et leurs projets de vie.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de choisir ce métier ? Était-ce une vocation ou un concours de circonstances ?

À 16 ans, je ne savais pas vraiment quoi faire. J’ai découvert le métier de maroquinière. J’ai suivi un CAP, puis un Bac Pro en maroquinerie, et enfin une licence de designer de mode en accessoires. J’ai travaillé dans des entreprises de luxe mais avec le temps, j’ai ressenti un décalage entre mes valeurs et celles de l’industrie du luxe. En cherchant un nouvel emploi, j’ai postulé par hasard à une offre de monitrice d’atelier en maroquinerie dans un ESAT. J’ai été curieuse de découvrir ce milieu. J’ai commencé à travailler avec des personnes en situation de handicap. Humainement, ce que ce métier m’apporte n’a pas de prix. En plus, aujourd’hui, dans mon atelier, nous ne travaillons pas avec des peaux animales, mais uniquement avec des matériaux issus de l’upcycling. Cela me permet de rester alignée avec mes valeurs. Je ne me vois pas faire autre chose aujourd’hui, et pour rien au monde je ne changerais de métier.

 

Quels sont les moments les plus enrichissants dans votre travail ?

Ce sont ces instants où un travailleur réussit une tâche plus complexe. Leur fierté et leur joie sont contagieuses. J’aime aussi les entretiens professionnels, où ils partagent leurs progrès et leur passion pour le métier. Et ces petits moments, où ils viennent avec un sourire radieux dire : « Regarde, Chloé, j’ai réussi ! », donnent tout son sens à mon métier. 

 

Quels sont les principaux enseignements ou compétences que vous avez acquis pendant vos études ?

Pendant mes études, j’ai enrichi ma créativité avec des techniques variées (broderie, impression, etc.), avec l’utilisation de logiciels spécifiques. Ces compétences me permettent aujourd’hui de concevoir des prototypes précis et des instructions claires pour simplifier le travail des équipes.

 

En arrivant sur le terrain, qu’avez-vous appris que la formation ne pouvait pas vous enseigner ?.

Travailler avec des personnes en situation de handicap m’a beaucoup appris, notamment à m’adapter et à trouver des solutions sur le moment. Chaque personne est différente, avec ses forces et ses défis, ce qui m’a poussé à faire preuve de patience et de créativité. Par exemple, pour accompagner des travailleurs qui ne savent pas lire, j’ai imaginé des outils visuels comme des codes couleur ou des repères spécifiques. Ces petites astuces rendent les choses plus simples et accessibles. Ce que j’apprécie aussi, c’est le travail en équipe : on partage nos idées, on s’entraide, et ça nous permet de progresser ensemble face aux imprévus.

 

Comment ce métier peut-il évoluer avec l’expérience ? Y a-t-il des passerelles vers d’autres fonctions ?

Avec l’expérience, je pourrais évoluer vers un poste de monitrice principale, où je superviserais d’autres moniteurs et coordonnerais plusieurs ateliers au sein de l’ESAT. Ce rôle implique davantage de responsabilités et une gestion élargie.

 

Quel aspect de votre métier vous apporte le plus de satisfaction ?

Ce qui me réjouit le plus, c’est de voir les travailleurs réussir, progresser et s’épanouir.

 

Pourquoi recommanderiez-vous ce métier à un jeune en quête de sens et d’avenir ?

Travailler avec des personnes en situation de handicap est incroyablement enrichissant. Ils vous surprendront par leur talent, leur créativité, et rendront vos journées passionnantes. Si vous aimez transmettre, relever des challenges, et que vous avez envie de faire la différence, ce métier est fait pour vous. Vous ne le regretterez pas. Je dirais à un jeune : «Viens découvrir ce milieu, tu vas t’éclater, et tu vas faire un métier qui a du sens.»

 

Mot de la fin : Si vous deviez résumer ce métier en une phrase inspirante, laquelle choisiriez-vous ?

Un métier passionnant et hors du commun, un challenge quotidien qui vaut le coup d’être découvert. Et si l’on me demande si c’est compliqué de travailler dans le secteur du handicap, je répondrais sans hésiter : « Viens essayer, tu pourrais être agréablement surpris(e) »