Ils ont la parole
Témoignages
Sœur de Béatrice Giraux, résidente du Foyer Le Temps des Amis
Je vois ma soeur heureuse car on s’occupe beaucoup d’elle, on la rassure.
Béatrice Giraux, résidente du Foyer Le Temps des Amis, à Châtillon (92) depuis 2020, est une femme souriante et pleine de vie. Alix, sa soeur cadette, nous a livré un témoignage touchant sur leurs relations et sur son accompagnement par le Foyer.
Pouvez-vous me parler de Béatrice et de son parcours ?
Béatrice est ma grande soeur, elle a 4 ans de plus que moi. C’est un véritable rayon de soleil, toujours souriante mais en attente de reconnaissance et manquant de confiance en elle. Enfant, elle était plutôt discrète et peu expressive, par rapport à moi. Elle aimait moins se mettre en avant. Au fil du temps, Béatrice a rencontré quelques échecs scolaires qui ont été difficiles à vivre pour elle. Après un parcours scolaire un peu chaotique, Béatrice a fait une formation d’hôtesse. Cela lui correspondait parfaitement. Elle sait mettre les gens à l’aise et elle aime vraiment recevoir. Malgré cela, elle a, durant notre enfance, toujours eu le sentiment que je m’en sortais mieux qu’elle. J’avançais dans mes études, alors qu’elle, ce n’était pas son truc. On est, cependant, toujours restées très complices. Elle a toujours été contente pour moi, même si cela mettait parfois en lumière ses propres difficultés et les freins qu’elle rencontrait dans son parcours. Après ses études, Béatrice a travaillé quelque temps dans la société de notre père. Elle aidait à la comptabilité dans les tâches du quotidien. Enfin, elle avait un vrai travail, une stabilité, un cadre. Cette expérience lui a donné confiance en elle, ce qui est le problème de base de ma soeur. Elle a l’impression qu’elle ne va pas réussir et, du coup, elle n’ose pas faire les choses. Après cela, elle a travaillé dans différentes structures, en milieu ordinaire ou en milieu protégé (en ESAT), mais cela a été parfois compliqué. Sa solution de facilité était souvent de dire : « je ne fais pas, comme ça, je n’aurai pas
d’échec ».
Comment avez-vous rencontré la Fondation des Amis de l’Atelier ?
En 2017, ma soeur a été dirigée vers une assistante sociale pour l’aider à trouver un Foyer de Vie. C’est par son intermédiaire que nous avons rencontré la Fondation des Amis de l’Atelier et le Foyer Le Temps des Amis. Nous y avons eu un entretien à ce moment-là mais Béatrice n’a pas été prise. En effet, elle avait 43 ans et la plupart des résidents étaient des personnes un peu plus âgées. Le Foyer a craint que Béatrice ne se sente pas à son aise. Nous avions cependant été emballées par le lieu et le personnel, charmant et accueillant. Béatrice a alors trouvé une place à Lille. Ça a été une période compliquée car, le Foyer était loin de ma mère et moi et nous ne pouvions pas y aller régulièrement. Béatrice, qui est très proche de nous deux, l’a très mal vécu. Finalement, le Foyer Le Temps des Amis m’a appelée en plein confinement, en 2020, pour proposer une place à Béatrice.
En quoi consiste son accompagnement au sein du Foyer Le Temps des Amis ?
Béatrice a besoin d’un accompagnement au quotidien. Son manque de confiance en elle et sa peur de l’échec la freinent pour se lancer dans des activités. Elle a donc aussi besoin qu’on la valorise, qu’on la pousse à faire de nouvelles choses pour qu’elle se rende compte qu’elle en est capable. Elle est d’ailleurs très forte sur tout ce qui est manuel, artistique. Elle a vraiment un don. Elle fait de la peinture, de la mosaïque. Je suis toujours impressionnée par ses créations car je serai bien incapable de faire cela. Elle est beaucoup plus artiste que moi. C’est marrant, d’ailleurs, de voir à quel point nous sommes complémentaires.
Quelles sont les évolutions de Béatrice depuis son arrivée au Foyer ?
Avec ma mère, l’évolution que nous avons rapidement vue, c’est qu’elle est beaucoup plus souriante depuis son arrivée au Foyer. Avant, il y avait des jours avec et des jours sans. Moi, je ne vois plus trop de jours sans ! Elle a toujours l’air contente, ce qui, pour moi, est le plus important. Là où je vois aussi qu’elle est heureuse, c’est quand elle rentre à la maison pour les vacances. Elle dit qu’elle est « trop heureuse d’être là » mais, dès le lendemain, elle appelle le Foyer pour savoir comment vont les autres et dit qu’« ils lui manquent » ! Le personnel soignant et éducatif du Foyer est toujours au petit soin, très impliqué et cela se ressent. Barbara, [NDLR : salariée du Foyer], qui s’occupe merveilleusement de Béatrice notamment, a ouvert un groupe WhatsApp et transmet, à nous, famille, des photos des activités et sorties. Je vois ma soeur heureuse car on s’occupe beaucoup d’elle, on la rassure.
Que souhaitez-vous pour l’avenir de Béatrice ?
Avant tout qu’elle continue à être aussi heureuse qu’aujourd’hui ! Je lui souhaite de regagner confiance en elle pour moins entendre « je ne sais pas faire ». Peut-être aussi, dans le futur, retrouver un travail accompagné, quelques heures par jour, ce serait super pour elle.
*Centre Départemental de Travail Protégé d’Isle