Ils ont la parole
Témoignages
Résidente au Foyer Idalion
Prendre le meilleur de chacun
« Prendre le meilleur de chacun »…
… C’est le message fort que nous a délivré Xavier Belvaux, fils de Monique résidente au Foyer Idalion. Il nous a raconté avec une grande sincérité et presque légèreté son parcours hors du commun, celui d’un enfant devenu grand avant l’âge mais surtout celui, aujourd’hui, d’un homme accompli qui ne voudrait pas changer grand-chose à sa vie. Découvrez son précieux témoignage.
Pourriez-vous nous raconter brièvement votre contexte familial ?
J’ai 38 ans et je suis l’ainé d’une fratrie de 5 enfants : moi, Maud, Jonathan, Sandrine et Laetitia. Mon père est décédé en 1998 et ma mère vit en Foyer depuis 2005. Maud est autiste et Sandrine a un handicap plus léger (troubles psychiques), elles travaillent toutes les deux en ESAT et vivent en foyer. Jonathan souffre aussi de troubles psychiques, mais il est stabilisé, il vit seul en appartement et travaille en ESAT. Laetitia ma plus petite sœur va très bien, elle est jeune maman d’un petit Loucas de 2 ans.
Racontez-nous votre enfance ?
Nous avons eu une enfance compliquée, un père parfois violent, une mère dépassée par les événements. Nous étions cependant une famille avec beaucoup d’amour et de valeurs.
A 15 ans, de fortes tensions avec mon frère et mon père et une nécessité de prendre mon envol m’ont poussé à quitter la maison. J’ai débuté des études d’hôtellerie/restauration et j’ai très vite gagné ma vie.
A quel moment avez-vous dû reprendre le flambeau familial ?
A 20 ans, quand mon père est décédé, j’ai « rapatrié » la famille dans une maison en Seine-et-Marne. J’ai trouvé les établissements adéquats pour mes 2 sœurs et ai géré comme j’ai pu l’adolescence de ma plus jeune sœur Laetitia et les humeurs de ma mère. J’ai attendu d’avoir mis tout le monde sur les rails pour m’attaquer au « sujet maman ». En effet, elle devenait de plus en plus agressive et violente, et, un jour de crise, j’ai fini par l’amener à l’hôpital. Rapidement, un psychiatre est venu m’expliquer qu’elle souffrait, certainement depuis toujours, de troubles « maniaco-dépressifs ». Elle est restée hospitalisée durant un mois. Sa sortie a cependant été assez difficile, sans suivi, ni accompagnement, j’ai du m’en sortir seul avec elle.
Á quel moment votre maman est-elle rentrée à la Résidence Idalion ?
Après son hospitalisation, je ne pouvais pas tout gérer seul et j’ai cherché des solutions d’accompagnement. Maman est rentrée à la Résidence Idalion dès l’ouverture de l’établissement en 2005. Au départ elle était très négative, elle subissait et m’en a beaucoup voulu. Avec le temps, les choses se sont améliorées, elle a fait beaucoup d’effort, s’est mise à lire, à écrire, à prendre soin d’elle. Depuis 2 ans, elle vit en autonomie dans l’appartement du Foyer. Elle a, aujourd’hui, repris un rôle de maman et moi d’enfant. Je reste tout de même impliqué dans son accompagnement, en effet, je suis vice président du CVS en tant que représentant des familles.
Comment se passe votre vie familiale aujourd’hui ?
Il y a quelques années j’ai ressenti le besoin de quitter la région parisienne et je suis parti m’installer à Lyon. Il était nécessaire pour moi de prendre un peu de recul (tout en continuant à gérer ma famille à distance) et cela a été bénéfique à tous. J’ai rencontré là bas mon âme sœur, parallèlement ma carrière professionnelle a poursuivi son évolution. Il y a plus d’un an, je suis revenu m’installer près de ma mère et mes sœurs. Nous nous voyons régulièrement et ce sont des moments que nous apprécions tous.
Quel serait votre message aux lecteurs d’Amitiés ?
Il faut prendre le meilleur de chacun, ce qu’il est en capacité de donner ! Il ne faut pas cantonner qui que ce soit dans un rôle. Il faut avancer, ne pas se poser trop de questions. Si on accepte que la vie ne soit pas une contrainte, on peut pousser beaucoup de portes.